mardi 21 juin 2022

Témoignage de Reeva

Images de Sophie Pluen: 4 livres pauvres petits formats, acrylique, encre de Chine

Texte de Kathleen Olivier

témoignage de Reeva

20 euros minimum


 
20 Euros minimum

 
 vendu

 
vendu

Tout à commencé il y a près de 1400 ans,, lorsque, selon la version chiite, les amis du prophète Mohammed ont été en désaccord avec le choix de ce dernier de donner son pouvoir à son beau fils. Le pouvoir sur le futur Liban a été gagné de force -par les futurs sunnites et depuis, les '12 imams'' descendants du fils du prophète  - chiites- revendiquent leur droit à reprendre du territoire.


Reeva naît au sud du Liban juste avant la guerre de 1975 où les civils subissent les attaques venant d'Israël. Leur région étant particulièrement touchée, le père de Reeva décide de quitter la région d'où il est natif pour installer sa famille à Beyrouth. Les enfants devront étudieront dans une école coranique sunnites, seule possibilité de l'état en plus des écoles catholiques. Mais toute jeune déjà Reeva ne voit pas les choses ainsi, et sa force de caractère supplantera la règle: elle ne veut pas porter le voile. Quelques années plus tard, elle convaincra ses parents de poursuivre ses études plutôt que de se consacrer à un mariage qui imposerait lui des limites différentes car elle est née fille. Elle ira jusqu'à étudier la philosophie à l'université tout en travaillant dans une bibliothèque où elle rencontre de grandes amies chrétiennes, peu lui importe la confession. Elle parviendra même à jouer avec les lois du mariage pour choisir son mari quitte à perdre le soutien familial. Malgré tout, elle est chiite, et son groupe lui demande de mettre ses compétences et sa situation en soutien de leur cause. Refuser de participer au projet de son groupe la positionne comme traître. Il n'y a pas d'autre possibilité que quitter le pays pour garder la vie sauve. Abandonnant tout derrière elle pour le maximum de discrétion, elle arrive au Maroc puis en France grâce à l'aide efficace de collègues de son mari. 


En France depuis ce temps,  Reeva utilise le français appris à l'université et ses enfants sont parmi les meilleurs de leurs classes. Reeva a préféré ne pas leur expliquer les vraies raisons de leur départ pour ne pas les effrayer. Cependant, le Liban n'est pas reconnu aujourd'hui comme un pays à risque pour ses ressortissants. Les conséquences mortelles de ce conflit historique ne semblent pas suffisamment graves pour accorder protection à cette femme qui lutte depuis l'enfance pour les valeurs de l'égalité et de liberté. A tout moment, les services de police peuvent la renvoyer vers ce pays qu'elle a du laisser pour avoir voulu y défendre la paix. 


Je sens moi aussi un conflit entre les valeurs que mon pays m'a enseignées et l'application de lois qui se sont faites sourdes...Partager cette réalité est pour moi une manière de faire entendre une voix dont le courage n'a d'égal que l'injustice qui l'entoure.

Kathleen Olivier

témoignage de Khan

Image de Sophie Pluen (format A3, technique mixte, encre, acrylique, aquarelle, feutre)

texte de Kathleen Olivier

témoignage de Khan


40 euros minimum

Aîné de sa fratrie, dans un village de montagne à la frontière entre Pakistan et Afghanistan, Khan est géomètre ingénieur et couturier. Aussi, il parle plusieurs langues: puchtu, urdu, anglais. Un jour, des talibans lui demandent de leur prêter ses compétences. C'est la 'loi noire', s'il refuse, il en paiera de sa vie. On ne peut pas se cacher dans le pays. Il ne peut que partir.
 Un sac à dos avec quelques provisions, ses papiers, un téléphone. Iran. Ils sont quelques uns sur le chemin. Turquie. Ils peuvent se nourrir de fruits dans les jardins en Serbie.  A la frontière grecque on leur prend leurs affaires, on casse leurs téléphones, il faut décourager les suivants... Khan passe par l'Italie, est renvoyé en Serbie, repart.  Autriche, Allemagne, certains restent mais il continue vers la France car il a entendu parler de sa culture. Comment choisir une terre d'accueil?
 A Paris, on lui indique les camps Porte de la Chapelle. Des véhicules viennent les chercher. La procédure commence. On lui attribue un avocat. Il fait confiance, raconte son histoire. Pendant ce temps, il est envoyé à Perpignan, il étudie le français à l'université. La procédure échoue. Il fait appel comme on lui indique. Il peut changer d'avocat au besoin conseillé par ses camarades. Il va à Paris et répond aux questions que lui pose le juge. Il fait ce qu'on lui demande. Le second recours échoue. Il n'a plus aucune aide.
 Il est accueilli par une française et c'est la solidarité qui se poursuit. Il n'aime pas demander. Des mois ont passé. Il se prépare pour retourner à Paris défendre encore une fois son dossier, il faut plus de preuves de la dangerosité de son retour au Pakistan. Les talibans ont déjà questionné et blessé plusieurs membres de sa famille, ce sera pire si ces derniers racontent ce qui se passe et que le message est intercepté. Khan de son côté leur dit que tout va bien pour lui en France, ils souffriraient encore davantage de savoir la vérité. Khan sourit, toujours. Comme il a toujours fait. Avant les talibans. Aujourd'hui encore alors qu'il n'a rien et qu'il ne sait pas ce qui se passera. Pour lui, il est évident de rester. Il parle et aime la langue française, il partage ses savoirs de couturier aux étudiants de l'université, il veut pouvoir redonner au pays qui a payé pour ses études. Il ne veut pas se retrouver à devoir survivre de manière frauduleuse. Alors il sourit, il remercie, nous buvons le thé, le temps semble suspendu entre drame et espoir, Khan est en vie, et moi j'entends son histoire qui me trouble, je ne pourrai pas faire comme si je n'avais pas entendu...
Kathleen  Olivier


Les œuvres de Christine Petitpas

Christine Petitpas, art-thérapeute et peintre, a posé ses valises il y a quelques années à Perpignan. Depuis plus de 20 ans, ses travaux pic...